En décidant de lever l’interdiction sur l’utilisation des protéines animales transformées (PAT) au 1er juin 2013, la Commission européenne a provoqué l’émoi chez les consommateurs et troublé les professionnels de l’aquaculture. En nourrissant à nouveau leurs poissons avec des « farines » de porc, de poulet ou de bœuf, les pisciculteurs économiseraient 20 % de leur budget alimentation. D’où une certaine hésitation à clarifier rapidement leur position.
Après quelques jours de flottement et de nombreuses réunions, la profession s’est clairement prononcée contre le recours à ces protéines. « Notre charte qualité « Aquaculture de nos régions » apporte la certitude que nos poissons sont nourris à 100 % avec du poisson et des végétaux », indique Jean-Yves Colleter, président de la Fédération française aquacole et vice-président du Cipa (Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture).
Lors de son déplacement au Salon de l’Agriculture, le président de la République a lui même repoussé l’idée que la France utilise ces PAT.S
Bonne nouvelle pour les consommateurs. Reste à bien les informer pour qu’ils acceptent de payer un peu plus cher des poissons « nourri à l’ancienne » dont la qualité est reconnue. « Au salon de l’Agriculture, Le Turbot label rouge et la Truite de Bretagne ont enlevé les médailles d’or et d’argent, souligne Jean-Yves Colleter. Et ce ne sont pas des médailles en chocolat. L’an dernier, aucun produit ne répondant aux critères, aucune médaille d’or n’avait été décernée. »
Pour valoriser leurs « produits du terroir » auprès du grand public, les pisciculteurs comptent donc sur l’appui de FranceAgrimer et de France Filière pêche. Ils espèrent surtout un engagement fort de la grande distribution qui assure la commercialisation de la majorité de leurs productions.
« Il nous manque encore des poids lourds comme Carrefour et Leclerc », signale Jean-Yves Colleter. Par ailleurs, une commission « aquaculture durable » a été créée au sein du Cipa.
Avec un peu moins de 500 sites, la France est aujourd’hui le troisième producteur européen de truites élevées en eau douce (36 000 tonnes par an). En mer, c’est plus modeste. Elle ne produit que 6 200 tonnes (bar, daurade, turbot…) tandis que la Norvège affiche 900 000 tonnes de saumon.
À travers les schémas régionaux maritimes, les aquaculteurs espèrent obtenir plus d’espace pour se développer. « L’aquaculture marine ne représente que 15 ha », regrette Jean-Yves Colleter.