Des plongeurs recensent les hippocampes aussi appelés chevaux des mers, sur le Bassin d’Arcachon qui héberge la plus grande population en France.
Le programme baptisé Hippo-Bassin a été lancé en 2012. Initié en 2005, avec ses déclinaisons Hippo-ATLAS, Hippo-THAU et désormais Hippo-HABITAT, ce programme a pour objectif d’étudier ces étranges poissons que l’on sait menacés partout dans le monde, mais dont on connaît très mal l’écologie sur nos côtes. Ce programme s’étend aujourd’hui aux syngnathes (poissons-aiguilles) qui appartiennent à la même famille, les Syngnathidés, et dont certaines espèces présentent des enjeux de préservation tout aussi cruciaux.
«On dispose de très peu d’informations sur les hippocampes. Et, comme c’est sur le Bassin d’Arcachon qu’on les trouve en plus grand nombre en France, une observation de terrain approfondie a été initiée sur cette zone », explique Patrick Louisy, responsable scientifique de l’association Peau bleue, qui a une vocation naturaliste.
Le projet d’observation associe également l’agence des aires marines protégées, en vue du projet de création d’un parc marin sur le Bassin d’Arcachon et l’association Ocean’Obs, investie dans la préservation de l’environnement marin. En effet, les résultats obtenues avec l’aire marine protégée de Port Cros ont nettement démontré les bienfaits d’une aire protégée sur la biodiversité.
Ce sont des plongeurs amateurs qui sont sollicités par Océan’Obs, grâce au soutien des clubs locaux et de la fédération française d’études et de sports sous marins (FFESSM). Comme l’identification ne requiert pas de compétence particulière, un animateur explique aux volontaires comment repérer les chevaux des mers et remplir les fiches à leur retour sur la terre ferme.
«Le protocole scientifique est très simple, il suffit d’avoir des connaissances de base pour participer », souligne Damien Grima, coordinateur de l’observatoire participatif au sein de l’association Ocean’ Obs.
Les deux espèces qui ont élu domicile sur le Bassin d’Arcachon, les hippocampes mouchetés et dans une moindre mesure ceux aux museaux courts, tous deux menacés, sont faciles à différencier. Les mouchetés possèdent des museaux plus longs.
« Il y a des zones où on ne connait pas encore bien leur présence car il y a eu moins de plongées. Mais on sait qu’ils se trouvent surtout à l’ouest, entre l’île aux Oiseaux et le Cap ferret », précise Damien Grima, coordinateur de l’observatoire participatif au sein de l’association Ocean’ Obs.
On n’a pas de réponse très claire sur la raison pour laquelle les hippocampes sont très présents. Un élément essentiel est la richesse organique du Bassin d’Arcachon qui leur procure leur nourriture favorite, de petits crustacés. Les courants de marées rentreraient aussi en jeu en faisant transiter des éléments nutritifs.
D’après les observations des ostréiculteurs, conchyliculteurs et pêcheurs du Bassin consultés en 2011, il y aurait eu une grosse diminution de la population d’hippocampes, puis une recrudescence, depuis environ trois ans. Pour l’instant, les scientifiques n’ont pas assez de données pour pouvoir se prononcer. Le programme Hippo-Bassin va permettre d’en savoir plus et de faire un premier bilan fin 2014.
Pour l’instant, les chevaux des mers ne semblent pas dans une situation périlleuse mais les spécialistes estiment qu’il est important de suivre les variations de cette population afin de pouvoir conseiller les décideurs, en cas de problème.
« C’est clairement la population la plus importante en France, donc il s’agit à la fois d’un patrimoine local et national », pointe Patrick Louisy