La carpe asiatique, devenue le symbole des « espèces invasives », a finalement traversé les barrières qui avait été installées pour elle, et a commencé à se reproduire dans les Grands Lacs. Les poissons du lac Michigan risquent de ne pas aimer cette nouvelle.
Depuis quatre ans, la carpe asiatique est devenue le symbole des «espèces invasives», ces bestioles qui envahissent un environnement qui n’est pas le leur, et y bouleversent l’écosystème. Elle n’a pas encore accompli son oeuvre dans le lac Michigan, et c’est ce que les autorités locales tentent d’empêcher depuis que ce poisson, originaire d’Asie, a commencé à remonter le Mississippi: des spécimens s’étaient échappés en 1993 d’un élevage.
Elle saute, s’empiffre et ravage tout sur son passage. La carpe asiatique chamboule l’écosystème nord-américain. Après avoir fait des ravages dans le Mississippi, elle menace maintenant les Grands Lacs et même, à terme, l’écosystème québécois.
Pour empêcher ce poisson décrit comme « agressif et vorace » de faire des dégâts, les autorités ont multiplié les barrières électriques dans la région de Chicago, là où le Mississippi rejoint des canaux qui rejoignent le lac Michigan. En pure perte : le 28 octobre, des biologistes ont annoncé avoir pour la première fois mis la main sur quatre représentantes d’un des types de carpes asiatiques — la carpe de roseau — qui ont passé leur vie dans le lac, plutôt que dans le fleuve — ce qui veut dire qu’elles ont franchi les barrières il y a déjà un bout de temps.
Les Américains ont déjà consacré plus de 100 millions de dollars pour stopper la prolifération de ce poisson. Le gouvernement des États-Unis consacrera 50 millions de dollars supplémentaires pour renforcer son plan de lutte contre la carpe asiatique, qui menace désormais tout l’écosystème des Grands Lacs. Selon l’Associated Press, ces 50 millions de Washington financeront la construction d’une nouvelle barrière électrifiée dans un canal de navigation de Chicago qui permet aux poissons envahisseurs d’entrer dans le lac Michigan. L’ancienne barrière construite il y a dix ans comportait plusieurs lacunes.
Les carpes asiatiques, introduites accidentellement dans le Mississippi il y a 20 ans, ont littéralement colonisé tout le fleuve et ses affluents. Elles sont aujourd’hui aux portes des Grands Lacs. Des chercheurs ont découvert de l’ADN de cette espèce de poisson dans les eaux du canal, à seulement quelques kilomètres du lac Michigan.
Vorace, résistante et possédant une grande capacité de reproduction, cette carpe cause des dommages irréparables dans les cours d’eau, où elle élimine pratiquement toutes les autres espèces de poissons indigènes en consommant des quantités astronomiques de nutriments et de plancton.
Elles sont désormais aux portes des Grands Lacs où biologistes et pêcheurs redoutent une hécatombe écologique si les carpes s’y introduisent et prolifèrent au rythme auquel elles l’ont fait jusqu’ici dans la vallée du Mississippi. Une fois dans les Grands Lacs, les carpes auront accès à de vastes étendues d’eau et de rivières et, tôt ou tard, au fleuve Saint-Laurent et tous ses tributaires.
Dans les rivières et les lacs qu’elles colonisent, les carpes occupent entre 80 % et 98 % de la biomasse.
Le moyen le plus efficace selon les scientifiques, pour empêcher la carpe d’envahir les Grands Lacs, est de fermer pour de bon les écluses des canaux de navigation de Chicago. La nouvelle barrière électrifiée censée contenir les carpes aux portes du lac Michigan sera mobile et pourra être traînée comme un rideau sous-marin pour rabattre les carpes ou servir comme barrière temporaire contre cette espèce envahissante.
Importées d’Asie dans les années 1970 pour se débarrasser des algues dans les piscicultures du sud des États-Unis, ces carpes se sont échappées dans le Mississippi durant les inondations de 1993. Les poissons ont depuis remonté le fleuve et ses tributaires jusqu’à l’embouchure des Grands Lacs.