Le blanchissement des coraux est un phénomène de stress provoqué par une hausse des températures océaniques au-delà de 30°C, pouvant entraîner la mort de l’animal. Des chercheurs du Centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement – CRIOBE (CNRS / EPHE), associés à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), viennent d’établir une cartographie des zones à risques sur la base des dernières projections climatiques du GIEC.
Le constat est alarmant : en 2040, si rien n’est fait pour enrayer la hausse des températures atmosphériques, les ¾ des récifs coralliens de la planète subiront des phénomènes de blanchissement au moins une fois par an ; en 2056, c’est la totalité des récifs qui seront concernés. « Ce phénomène, lié à l’expulsion de l’algue-hôte qui nourrit le corail et lui donne sa couleur, se produit lorsque la température de l’eau dépasse 30 °C durant deux à quatre semaines consécutives » indique Serge Planes, chercheur CNRS au CRIOBE et co-auteur de l’étude parue dans Nature climate change. Le blanchissement du corail n’est pas sans risque, puisqu’il entraîne la mort de l’animal dans 15 à 60 % des cas.
Les chercheurs du CRIOBE, associés à la National Oceanic and Atmospheric Administration, ont utilisé les dernières projections du groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), qui prévoient une hausse de 1 à 3 °C de la température atmosphérique d’ici à 2050, pour modéliser l’élévation des températures océaniques et prédire les phénomènes de blanchissement. Les récifs les plus fragiles, qui seront touchés par ces phénomènes de blanchissement annuel dès 2025-2030, se trouvent notamment en Australie du nord-ouest, aux Philippines et en Papouasie-Nouvelle Guinée. Les zones les moins fragiles, qui ne devraient pas être impactées avant 2056, incluent la grande barrière de corail en Australie et la Polynésie française.
« Il reste difficile de prédire comment le corail s’adaptera à la modification des équilibres actuels, nuance Serge Planes. Les récifs vont changer et les espèces dominantes d’aujourd’hui ne seront probablement pas celles de demain ». A noter que la France abrite près de 8% de la surface mondiale de récifs coralliens, répartis dans tous les océans.
Référence : Temporary refugia for coral reefs in a warming world, publié dans Nature climate change online le 24 février par R. van Hooidonk, J.A. Maynard et S. Planes.