Un pêcheur de l'Øresund, détroit séparant le Danemark de la Suède et situé à quelques encablures de l'aéroport de Copenhague, a remonté un pacu (Piaractus brachypomus) de 21,5 cm. Les chercheurs ignorent encore si un poisson isolé a atterri par erreur dans la Baltique ou si plusieurs s'y sont installés.
Il s'agit d'un cousin, normalement végétarien, du piranha, retrouvé très loin de son habitat originel (espèce sud-américaine), a annoncé mardi un responsable du musée d'histoire naturelle de Copenhague.
"Le pêcheur a été très surpris et un peu méfiant car ce poisson, le pacu, ressemble vraiment au piranha, mais il n'est pas carnivore", a dit Peter Rask Moeller. Comme son cousin le piranha, le pacu est un poisson d'eau douce, reconnaissable à sa puissante mâchoire, avec une dentition qui fait penser à celle de l'homme.
C’est la première fois qu’un de ces poissons a été signalé en Europe. Son milieu naturel est la région de l’Amazone et quelques autres rivières d’Amérique latine. Ils descendent jusqu’à la mer et sont ainsi acclimatés pour survivre également dans l’eau salée.
L'origine exacte du poisson est inconnue mais, selon ce responsable, "il vient probablement d'un aquarium de la région".
Il est difficile de dire si le pacu va envahir les eaux danoises. "A chaque fois qu'on pêche un poisson d'une nouvelle espèce, on se dit qu'on ne va pas en trouver d'autres mais on ne sait jamais", a indiqué M. Moeller.
Le pacu est moins redouté localement que le piranha car il est essentiellement végétarien. Mais il possède néanmoins une denture effrayante. Il s’en sert pour croquer des noix, notamment de coco, qui tombent dans l’eau. Il ne mange des petits crabes ou autres poissons que quand il n’a rien d’autre à se mettre sous la dent.
Des Piaractus brachypomus ont été repérés dans plusieurs rivières d’Amérique du Nord. Au Texas, ce seraient des particuliers qui les auraient jetés dans un lac, parce qu’ils étaient devenus trop grands pour rester en aquarium. Ces poissons exotiques atteignent en effet facilement 25 kilos et vivent plus de 40 ans.
La presse internationale a largement relayé la prise, insistant sur le fait que le pacu avait la réputation d'être friand de testicules humaines. Dans un documentaire pour la chaîne américaine Animal Planet en 2011, le spécialiste de la pêche extrême Jeremy Wade avait rapporté l'anecdote selon laquelle des pêcheurs de Papouasie-Nouvelle-Guinée en auraient été victimes.
Selon Bernard Hugueny, chercheur au Museum d’histoire naturelle de Paris et spécialiste en poissons tropicaux, explique : "On dit ça de beaucoup de poissons. On m’en a parlé en Afrique. Mais ça relève plus du mythe qu’autre chose. Il n'y a quasiment personne à qui s’est arrivé, mais toujours un pêcheur pour le raconter."