Le gouvernement polynésien et une société financée par des investisseurs chinois, Tahiti Nui Ocean Foods, ont posé mercredi la première pierre d'un grand projet aquacole, un rocher de quinze tonnes amené par bateau sur l'atoll de Hao, dans l'archipel des Tuamotu, en Polynésie française, a constaté un photographe de l'AFP.
Tahiti Nui Ocean Foods, filiale du groupe chinois Tian Rui, compte investir 1,5 milliard de dollars, et vise une production annuelle d'au moins 50.000 tonnes de poissons de lagon, dans 2.800 cages d'élevage. La production de crevettes et de concombres de mer est aussi prévue. 35 hectares sont mis à disposition pour 30 ans par le Pays sous la forme d 'une concession renouvelable deux fois pour un total de 90 ans maximum. Le chantier devrait durer 24 à 30 mois, et employer environ 500 personnes, sur cet atoll actuellement peuplé d'un millier d'habitants. Le même nombre d'employés, voire un peu plus, est prévu en phase d'exploitation.
Les trois espèces identifiées par les aquaculteurs chinois sont le tonu (loche saumonée, Plectropomus laevis), le hapu'u (loche marbrée, Epinephelus polyphekadion) et le mara (napoléon, Cheilinus undulatus). Ces trois espèces sont très recherchées, mais ne sont généralement pas consommées en Polynésie à cause du fort risque de ciguatera.
Elles ont l'avantage d'être toutes les trois déjà en production (parfois expérimentale) dans des fermes aquacoles en Chine. D'autres espèces, en particulier le mérou géant (nommé "kito géant" à Hao), seront étudiées pour leur forte valeur sur les marchés asiatiques. Le mérou géant peut atteindre 2,70 m de long et 400 kg, et selon une étude taiwanaise (donc sur une variété peut-être légèrement différente de la nôtre) il grossit beaucoup plus vite que ses congénères, atteignant les 20 kilos dès sa troisième année. Mais c'est Taiwan qui maîtrise les techniques d'élevage du mérou géant, et encore faudra-t-il capturer des géniteurs afin d'assurer une production d'alevins locaux...
Le gouvernement polynésien insiste sur la protection de l'environnement, sur un atoll qui a servi de base arrière militaire à l'époque des essais nucléaires, et qui est en cours de réhabilitation. Il a d'ailleurs été choisi en partie pour sa longue piste aéroportuaire, qui permettra des exportations directes vers la Chine.
Le gouvernement local veille aussi au recrutement de main-d'oeuvre locale, car ce projet est très attendu dans une Polynésie en mal d'emplois. En l'absence de caisse de chômage, on estime entre 20 et 25% le nombre de personnes sans travail. Les atolls, surtout, offrent peu d'emplois en dehors de la pêche et de la coprahculture (récolte des noix de coco pour leur huile, en particulier pour faire du monoï).
Selon le gouvernement local, " l'aquaculture est le secteur de l'alimentation à la plus forte croissance " au plan mondial Elle est cependant très peu développée en Polynésie, qui dispose dans le Pacifique Sud d'une surface maritime grande comme l'Europe.