Hier matin, l’office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et la gendarmerie se sont rendus aux abords du pont du Saichy à La Bresse, plus exactement au chevet du ruisseau du Chajoux qui se jette dans la Moselotte. Ils ont ainsi constaté la présence d’une quantité importante de poissons morts sur les rives et dans le cours d’eau.
Des prélèvements ont été réalisés par les gendarmes afin de déterminer l’origine de l’hécatombe. Car la mortalité de la faune est visible sur plus de six kilomètres. Soit plus de mille têtes de toutes espèces. Des poissons morts ont même été repérés dans la Moselotte, au centre de La Bresse, emportés par le courant.
L’alerte avait été donnée mercredi matin par un pêcheur qui n’avait rien relevé de suspect la veille, mais a remarqué la présence de cadavres de truites en quantité à son arrivée. Il a alerté les autorités, lesquelles, immédiatement, ont tenté de déceler une source éventuelle de pollution, qui s’avère chimique. Rien n’a pu être déterminé avec certitude lors de ces premières démarches. Les analyses en cours apporteront probablement davantage d’éléments de réponse aux enquêteurs de la communauté de brigades de Saulxures-sur-Moselotte. Un délai est toutefois nécessaire. La fédération de pêche a décidé de porter plainte.
"C'est un phénomène assez anormal, car on trouve les poissons morts sur près de 6 km, et nous n'avons pas trouvé l'origine géographique", a expliqué le chef du service départemental de l'Onema, Alain Biselx. "Nous avons plusieurs hypothèses, sans pouvoir en privilégier aucune: il y a beaucoup d'activité humaine autour de ce cours d'eau, notamment des micro-centrales. Par ailleurs, il pourrait éventuellement s'agir d'un acte de braconnage", a indiqué le spécialiste.
Un phénomène naturel ou météorologique est en revanche moins probable, car ceux-ci ont généralement lieu sur des cours d'eau lents, alors que l'hécatombe s'est produite dans des eaux vives.
"Sur la zone touchée, plusieurs centaines de cadavres se sont concentrés dans des petites retenues: c'est très impressionnant", a par ailleurs précisé M. Biselx, qui a décrit des cadavres "arqués, raides, surpris par la mort".
La mystérieuse pollution, considérée comme "terminée", n'a pas atteint le réseau d'eau potable. "Il y a tout de même quelques jeunes poissons survivants. D'ici un an et demi, on peut espérer qu'il n'y ait plus de traces de cet incident et que la population globale des poissons dans le cours d'eau aura retrouvé sa normale", a encore souligné M. Biselx.