Malgré son aileron et ses impressionnantes mâchoires, le requin tue dix fois moins que les méduses, soulignent des spécialistes pour qui la psychose suscitée par les squales, comme à La Réunion, reste sans rapport avec le nombre d'attaques dans le monde.
Depuis dix ans, entre cinquante et cent attaques de requins sont recensées chaque année contre l'homme, pour moins de dix morts en moyenne, selon l'"International Shark Attack File", la référence statistique dans ce domaine.
"Les méduses, par exemple, tuent environ 100 personnes chaque année, même si c'est moins spectaculaire de se faire piquer par une méduse que croquer par un requin", indique Robert Calcagno, directeur général de l'Institut et du Musée océanographique de Monaco.
D'un point de vue purement statistique, les squales apparaissent aussi bien moins dangereux que les éléphants, qui "tuent 600 personnes par an", les scorpions (5.000 décès) ou les serpents (100.000), énumère-t-il.
Les attaques de requins passent toutefois rarement inaperçues. A La Réunion, où les attaques se multiplient depuis un an et ont causé la mort d'un jeune surfeur en juillet, les requins bouledogues et tigres sont dans le collimateur des autorités qui ont demandé lundi la capture d'une vingtaine d'animaux dans le cadre d'une pêche à "caractère scientifique".
Pour les spécialistes de l'animal, l'augmentation de la pratique du surf et des sports nautiques explique vraisemblablement la hausse des attaques au niveau mondial. La raréfaction du poisson, pour cause de surpêche, pourrait aussi inciter les requins à aller chercher de la nourriture dans des endroits où ils n'allaient pas auparavant.
Pour combattre la psychose anti-requin, Philippe Vallette, directeur général du Centre national de la mer Nausicaa, à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais) estime notamment qu'il faudrait davantage l'étudier car "on connaît encore très mal le comportement des requins".
Il faut aussi, peut-être, sensibiliser toujours plus les surfeurs sur les moments de la journée ou les conditions de turbidité de l'eau à éviter. "Est-ce que les surfeurs respectent les consignes données, sont-ils soucieux de bien connaître l'environnement où ils entrent ?", s'interroge l'océanographe Catherine Vadon, maître de conférence au Muséum national d'Histoire naturelle. "Il faut être plus raisonnable, et apprendre à composer avec la nature", plaide-t-elle, regrettant que les autorités de la Réunion aient fait le choix d'"éradiquer" vingt requins