L'industrie de l'aquaculture norvégienne s'est énormément développée ces dernières années. En 2011, plus d'un million de tonnes de poisson d'élevage a été vendu, pour une somme totale d'environ 30 milliards de couronnes norvégiennes (environ 4 milliards d'euros). Mais l'industrie doit encore surmonter de nombreux défis, tant en terme d'efficacité que sur les problématiques environnementales. L'un de ceux-ci est d'éviter que le poisson arrive à maturité sexuelle de manière précoce, c'est à dire avant qu'il n'atteigne le poids requis pour l'abattage.
"La chair n'est pas la même après maturité sexuelle. Le poisson mâle consomme beaucoup d'énergie dans le développement des gonades et cesse finalement de se nourrir, pensant entrer en période de migration de reproduction. La femelle produit des oeufs dans l'attente de la fécondation.", explique Øivind Andersen, chercheur à Nofima, le plus grand institut européen de recherche appliquée à la pêche et l'aquaculture. L'industrie est sur le point de résoudre ce problème concernant le saumon, grâce à des poissons à croissance rapide qui atteignent le poids requis avant leur maturation sexuelle. "Cette solution ne fonctionne malheureusement pas sur la morue.", indique Øivind Andersen. "Chez la morue, la majorité des poissons, mâles ou femelles, arrivent à maturité sexuelle dès l'âge de deux ans, c'est à dire bien avant d'atteindre le poids d'abattage.".
Le développement de poissons dit "triploïdes" est l'une des techniques testées pour résoudre le problème de la maturité sexuelle précoce. Les oeufs sont modifiés afin d'obtenir trois paires de chromosomes et non deux. Cela rend stériles les poissons femelles mais ne résout pas le problème des mâles. Cette technique a été développée dans les années 60 par Akvaforsk Genetics Center, mais a depuis été mise en attente en Norvège, les producteurs craignant l'acceptation de poissons génétiquement modifiés par le consommateur. Les saumons triploïdes sont néanmoins utilisés dans plusieurs régions du monde, notamment en Ecosse.
Une nouvelle technique est développée à Nofima par Øivind Andersen et Helge Tveiten. Il s'agit d'un vaccin de stérilisation, directement injecté dans l'oeuf et qui permet la production d'anticorps empêchant le développement des cellules germinales. "Nous travaillons à développer des anticorps spécifiques qui pourraient être produits directement par le jeune saumon, de sorte que si nous vaccinons une femelle, la génération suivante serait stérile. Les premiers résultats sont concluants et le poisson est beau.", dit Øivind Andersen.