Une équipe rassemblant des chercheurs de l'Agence de Recherche pour la Pêche, du Centre de Recherche pour l'Agriculture, les Forêts et la Pêche de la préfecture d'Oita et de l'université japonaise des Sciences de la Vie et des Sciences Vétérinaires a mis au point une méthode de diagnostic fondée sur les biotechnologies et destinée à être utilisée sur les poissons d'élevage.
Le Cardeau hirame (Paralichthys olivaceus), de forme plate, est l'un des principaux poissons d'élevage au Japon. Consommé notamment sous forme de sushi et de sashimi, son goût est assez réputé, et en conséquence, son prix est assez élevé. Néanmoins, les éleveurs perdent une proportion importante de leur stock chaque année à cause de maladies qui frappent ce poisson (entre 13 et 31% de perte sur la période 2004-2008). Une partie de ce problème est qu'il existe peu de vaccins contre les infections qui touchent le Cardeau hirame ; une autre est que la méthode de diagnostic classique pourrait être améliorée. En effet, elle consiste à effectuer des prélèvements sur des organes (les reins, la rate...) puis à les cultiver pendant plus de 24 heures en recherchant un pathogène précis. Pendant ce temps, l'infection se propage.
Les chercheurs ont mis au point une méthode de diagnostic utilisant une puce à anticorps et une puce à protéine. D'ordinaire utilisé en recherche médicale, c'est la première fois que ce type d'outil est appliqué à l'aquaculture. La puce à anticorps correspond à l'arrangement de nombreux anticorps sur une petite plaque en verre, chaque anticorps étant capable de reconnaitre et de se lier avec une protéine spécifiquement présente dans le sang lors d'une infection. Lorsqu'un anticorps s'est lié avec une protéine présente dans l'échantillon de sang, un réactif émet une fluorescence rouge ou verte. Cela permet de visualiser la présence et l'étendue de l'infection.
Quant à la puce à protéines, il s'agit d'une feuille de papier tournesol sur laquelle sont disposées des protéines caractéristiques de plusieurs maladies susceptibles d'affecter le Cardeau (par exemple, l'Edwardsiellose). Si le poisson est ou a été atteint par une maladie, il possède dans son sang des anticorps caractéristiques de celle-ci, qui se lieront aux protéines correspondantes situées sur la puce. Grâce à un réactif, il est possible d'identifier la pathologie dont le poisson est atteint.
Ce test présente trois avantages. Tout d'abord, il ne nécessite qu'un léger prélèvement sanguin et est donc peu invasif. De plus, il est assez rapide. Enfin, il permet de rechercher en une fois la présence de multiples pathogènes.
En permettant une détection précoce des maladies, cette méthode pourrait permettre de limiter les pertes, mais également de contrôler l'utilisation d'antibiotiques par les aquaculteurs, un point important pour les consommateurs japonais qui sont particulièrement sensibles aux questions de sécurité alimentaire. Pour la suite, les chercheurs se proposent de simplifier leur méthode et d'en mettre au point une version utilisable directement sur le lieu d'élevage.