Un requin féroce (Odontaspis ferox) s’est échoué au matin, sur une plage de Pénestin, commune du Morbihan située en bordure de l’embouchure de la Vilaine.
Étonnante découverte que celle réalisée par un promeneur samedi sur une plage de Pénestin (Morbihan). Un requin féroce s’y est échoué. Cette espèce n’a de féroce que le nom. Nommée ainsi à cause de sa mâchoire impressionnante et de son corps massif, elle reste cependant inoffensive pour l’homme.
Alertée par les pompiers, l’APECS, association brestoise qui étudie les requins des eaux françaises, s’est rendue sur place en compagnie d’un autre spécialiste des poissons cartilagineux de la station de biologie marine de Concarneau.
L’identification de l’individu qui avait été pris en charge par les agents de la municipalité, a ainsi pu être confirmée. Il s’agit d’un mâle adulte de 3,24 m pour un poids de 220 kg. La dépouille, en très bon état, a pu être rapatriée à la Station biologique de Concarneau.
Chaque année, des requins sont observés ou capturés dans les eaux bretonnes, comme par exemple le requin-pèlerin, le requin peau bleue ou encore le requin hâ. Faire la rencontre d’un requin féroce est beaucoup plus inhabituel. En effet, cette espèce fréquente surtout les eaux tempérées chaudes et tropicales et a plus tendance à vivre dans les eaux profondes, entre 300 et 800 m. L’espèce n’a été signalée dans des eaux moins profondes que dans quelques secteurs, en particulier dans des archipels éloignés, tel que l’archipel de Malpelo dans le Pacifique (Colombie), ou plus près d’ici les Canaries ou les Açores, ainsi qu’en Méditerranée.
Le dernier signalement dans le Golfe de Gascogne date de janvier 1930. Un mâle de 1,40 m avait été capturé au chalut par 46°N et 4°W, à une profondeur d’environ 250 m. Ce signalement constituait jusqu’à l’année dernière l’observation la plus septentrionale de cette espèce. En effet, un autre requin féroce s’est échoué sur les côtes françaises en août 2012, sur une plage de la côte ouest du Cotentin, en Manche. Échoué vivant, le requin avait pu être remis à l’eau.
Voilà donc deux signalements, très proches dans le temps, qui intriguent les scientifiques de l’APECS et de la Station biologique de Concarneau. Mesuré et pesé dimanche, le requin de Pénestin a été autopsié ce lundi matin. Aucun élément ne permet de connaître les causes exactes de cet échouage. Mais les scientifiques pensent qu’il pourrait s’agir d’un requin capturé accidentellement dans un engin de pêche et l’APECS lance donc un appel à témoins auprès des professionnels de la pêche.
S’il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives de ces deux échouages inédits, d’autres témoignages pourraient faire émerger l’hypothèse de mouvements de populations vers le nord, possible conséquence du réchauffement climatique.