Le simulateur marin de l'AIMS, l'Institut Australien des Sciences Marines, a été inauguré hier jeudi par Kim Carr, le ministre de la Recherche et de l'Innovation.
Jamie Oliver, le directeur de l'AIMS nous explique en quoi cet aquarium est un petit bijou de technologie unique au monde :
« Il y a d'autres aquariums de recherche dans le monde, mais à notre connaissance, notre simulateur marin est le plus sophistiqué de la planète. Il présente deux avantages majeurs. D'abord, l'exceptionnelle qualité de l'eau de mer que nous pouvons maintenir dans l'aquarium, cela nous permet de garder les animaux et les organismes marins plus longtemps en vie, particulièrement les coraux qui sont très sensibles à la qualité de l'eau. Jusqu'à présent, on n'arrivait à maintenir en vie les coraux que pendant un peu plus d'un mois, et ensuite ils tombaient malades. Avec notre nouveau simulateur marin, les coraux vivront pendant des années, et pourront donc se reproduire, nous pourrons produire des juvéniles, ce qui nous permettra de mener des expériences sur le long terme. »
L'équipe de l'Institut Australien des Sciences Marines a voyagé dans le monde entier, visitant une quarantaine d'aquarium servant à la recherche. Et elle est rentrée avec un projet ultra sophistiqué. Jamie Oliver :
« Le deuxième avantage, c'est que nous pouvons changer les conditions environnementales dans l'aquarium. Ce qui nous permettra de faire des recherches sur des questions comme qu'est-ce qui se passe si la température augmente d'un ou deux degrés ? Et on peut complexifier le contexte, non seulement en augmentant la température, mais aussi en augmentant l'acidité de l'océan, ou le rayonnement solaire. Avec ce simulateur marin, nous pouvons enfin manipuler plusieurs variables environnementales en même temps et donc analyser l'impact d'une combinaison de facteurs sur les récifs, et sur le long terme. Ce n'est pas un simple aquarium, c'est bien un simulateur des conditions qui pourraient s'imposer dans cinquante ans, étant donné que les hommes continuent à alimenter le changement climatique. »
Cet aquarium qui reproduit les conditions de la vie sur les récifs de coraux a coûté 37 millions de dollars australiens. Le retour sur investissement sera au rendez-vous, car comme l'a rappelé le ministre de la Recherche, l'océan rapporte 40 milliards de dollars par an à l'économie australienne et représente des milliers d'emplois.
« Notre intérêt économique et environnemental est de rechercher le bon équilibre entre l'exploitation durable des ressources de l'océan et sa protection », a déclaré Kim Carr. La Grande Barrière de Corail est menacée de tous les maux : la surpêche, les navires transportant du gaz et du charbon, et qui passent à côté, le tourisme, l'impact de l'agriculture et de ses pesticides, les étoiles de mer couronnes d'épine, qui croque les coraux, et bien sûr, le changement climatique - avec son cortège d'effets : le réchauffement, l'acidification et l'élévation du niveau de l'océan, qui tuent le corail.
Tous ces dangers seront au centre des recherches des biologistes marins de l'Institut Australien des Sciences Marines. Mais il y en a aussi d'autres, encore très peu étudiés, comme le dragage du fond de l'océan, par exemple, qu'il s'agisse de l'extraction de granulats marins pour le secteur du BTP, ou d'une technique de pêche utilisée pour certains coquillages. Dans tous les cas, ce sont les coraux qui trinquent.
« Nous essayerons aussi de comprendre l'impact du dragage du fond de l'océan et aussi les conséquences d'une marée noire. Nous devons déterminer le niveau acceptable de dragage des sédiments, le niveau critique à partir duquel le dragage tue les coraux, car nous devons conseiller les décideurs. Ils accorderont des permis d'exploitation en fonction de ça aux entreprises de dragage. Pour le moment nous ne sommes pas du tout sûrs du seuil acceptable. »
Jamie Oliver, le directeur de l'Institut Australien des Sciences Marines de Townsville, au micro de Campbell Cooney sur Radio Australie. Le simulateur marin SeaSim accueillera des équipes de recherche du monde entier.